L’arrêté du 22 juillet 2002[1] transférant le service chargé des dossiers relatifs aux calamités, dommages de guerre et dommages au Congo du Ministère des Communications et de l’Infrastructure au nouveau SPF Intérieur a eu de lourdes conséquences archivistiques pour ce dernier. En effet le transfert de compétence s’accompagna d’un « changement de propriétaire » pour une masse de plus de 22 km linéaires d’archives conservées dans le dépôt sis rue Pasteur à Anderlecht et demandant impérativement d’être traitées dans les plus brefs délais. Le sort de la Régie des bâtiments étant mal défini et le gouvernement continuant de mener une politique de « valorisation » du patrimoine de l’État, il importait d’éviter un déménagement « surprise » et de perdre un fonds encore relativement préservé relatif à la deuxième guerre mondiale, alors que les archives « Dommages de guerre 1914-1918 » qui étaient conservées dans les caves de l’Hôtel des Monnaies auraient été balayées par les bulldozers dans les années 80.
La Direction générale de la Sécurité civile a pris l'heureuse décision de procéder au traitement des archives conservées dans son dépôt de la rue Pasteur et le SPF Intérieur a débloqué d'importants moyens nécessaires pour la préservation ce matériau archivistique nécessaire à la recherche scientifique, utile aux actuelles administrations et destiné aux ayants droits. Près d’une dizaine de km linéaires de ces archives Dommages de guerre seront versées aux Archives générales du Royaume. Cette dernière institution assure l'encadrement scientifique de l'opération.
Les documents conservés ne jettent pas seulement un éclairage neuf sur l’histoire de la Seconde Guerre mondiale, mais aussi sur la vie quotidienne au lendemain de la guerre. En 1945 en Belgique, 452.000 habitations sont sinistrées et 17.000 bâtiments industriels sont détruits. Les provinces d’Anvers, Liège et Luxembourg sont les plus touchées. A travers les archives du service des calamités, les historiens pourront, par exemple, pleinement mesurer les dégâts occasionnés par l’offensive von Rundstedt dans les Ardennes. La même analyse pourra être menée à Liège où V1 et V2 ont privé les habitants de sommeil mais aussi détruit bon nombre de maisons.
Ces archives sont également une source d’information considérable pour l’aménagement du territoire et la politique de reconstruction de l’après-guerre. Des études récentes en France et en Grande-Bretagne ont montré que le besoin crucial de logements a donné naissance aux premières cités-dortoirs. De même, en Belgique, les usines quittent le centre des villes pour se concentrer dans des zonings industriels. Dans ces archives du service des calamités sont également conservés un grand nombre de plans et de photographies qui sont les témoins de notre patrimoine. Les archives dommages de guerre peuvent en outre être encore d'utilité administrative en matière d'assainissement des sols ou encore de cadastre du sol (canalisations).
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